tempête sous un crâne
Terrassée par une migraine insoutenable, j'ai dû rester deux jours alitée, et même faire venir SOS médecins!
J'ai malheureusement l'habitude de ces crises qui peuvent survenir jusqu'à deux fois par semaine dans les pires moments, mais, là, étrangement, je ne l'ai pas vue venir: un 28 décembre, qui s'étonnerait de se sentir légèrement nauséeux et fatigué?
Ainsi, celle que j'assimile à la "bête tapie dans l'ombre" a pu profiter de ma négligence (pas le moindre antalgique sous la main) pour sortir ses griffes et me malmener jusqu'à faire de moi une loque prostrée au fond de son lit.
Ceux ou celles qui sont affligé(e)s de cette pathologie ne voient que trop bien ce dont je parle. Pour les autres, imaginez une menace de tous les instants, une vie régie par l'absence de "trop" ou de "trop peu": Dans mon cas, par exemple, car la migraine est subtile et sournoise, et ne se déclenche évidemment pas forcément pour les mêmes motifs chez tous, il faut:
-oublier définitivement le vin blanc, le vin rosé, ne boire les autres alcools qu'à doses homéopatiques (croyez-moi, ce n'est pas une expression!). Mais bannir également le jus d'orange pasteurisé, apparemment ami des petits déjeuners, ennemi juré en ce qui me concerne!
-prendre du café le matin, car la méchante bestiole la redoute, mais, si elle est déjà là à me labourer le crâne, ne plus en prendre, car cela l'énerve et décuple ses forces! (tout est question de dosages...)
-dormir suffisamment (les nuits blanches seront forcément suivies de ...journées noires!) mais pas trop (l'excès de sommeil ayant strictement les mêmes effets!)
-et, cerise sur le gâteau, car la migraine a ses ramifications dans l'inconscient et le psychologique, éviter...les contrariétés, la fatigue, le stress! Etant mère de famille parisienne, "prof de céfran" dans un collège moyen-moyen, avec le chouette statut de TZR (à savoir que chaque année, je change d'établissement, que je ne peux donc formuler aucun voeu d'emploi du temps et qu'on s'organise en général dans la panique et à la dernière minute pour les kewpies)... je pense que ma migraine peut somnoler tranquillement sous mon crâne, elle a encore de beaux jours devant elle!
J'ai conscience que cet article doit présenter un intérêt limité pour la plupart d'entre vous, mais il est né d'une volonté de faire comprendre à ceux qui l'ignorent que la migraine n'a rien à voir avec un simple "mal de tête"; elle est d'ailleurs depuis peu reconnue comme une vraie pathologie, qui engendre une vraie souffrance, et des centres spécifiques de la migraine existent désormais dans quasiment tous les hôpitaux parisiens. J'ajoute que c'est grâce à des forums dédiés à ce mal que j'ai pu avoir quelques pistes et savoir, parmi les centaines de déclencheurs qui existent, ceux que je ne soupçonnais pas un instant (jus d'orange, par exemple!)
Maigre consolation: Maupassant, un de mes auteurs favoris, souffrait également de migraines! Voici comment il la décrit: "La migraine qui broie la tête, rend fou, égare les idées et disperse la mémoire ainsi qu'une poussière au vent..."
Pour Alfred de Vigny, ce sont "cinq diablotins blottis dans l'angle du sourcil, suspendus à la scie pour qu'elle s'enfonce plus avant dans le crâne"! Je trouve cette métaphore tout à fait éloquente !
En tout cas, le passage à l'an neuf se fera ce soir sans champagne, et, la bonne nouvelle, c'est que j'ai pris de l'avance sur la diète préconisée à chaque lendemain de fête par tous les magazines féminins!
A ce propos, les adeptes de "elle", pensez-vous que l'illustration ci-dessous soit de Soledad Bravi?